Au moment où l’Union européenne prétend faire de la transition écologique et de la souveraineté alimentaire des priorités absolues, elle se trouve face à un paradoxe : les nouvelles techniques génomiques pourraient être l’un de ses meilleurs atouts… mais le choix de les encadrer, ou de les brider, se joue aujourd’hui dans un débat souvent émotionnel, mal compris et profondément politisé. Cette étude du Centre Jean Gol propose justement de prendre le temps de comprendre ce qui se cache derrière les sigles, les peurs et les slogans, pour mesurer lucidement ce que l’Europe, la Belgique et leurs agriculteurs ont à gagner ou à perdre.
Loin des procès d’intention, cette étude revient d’abord aux fondamentaux : qu’est-ce qu’un brevet, à quoi sert-il réellement et comment a-t-il façonné, depuis plus d’un siècle, l’innovation en Europe et en Belgique ? Elle montre ensuite comment les nouvelles techniques génomiques permettent de développer des plantes plus résistantes à la sécheresse, à la chaleur ou aux maladies, moins dépendantes des engrais et des pesticides, et donc plus compatibles avec un modèle agricole durable et compétitif.
Au fil des chapitres, vous découvrirez les enjeux concrets de la décision prise par le Parlement européen d’interdire la brevetabilité des plantes NTG : impact sur la recherche, risques de décrochage face aux États-Unis et à la Chine, effets sur les agriculteurs et sur la capacité de l’Europe à rester un continent d’innovation plutôt qu’un simple marché pour les technologies développées ailleurs. En croisant analyses juridiques, éclairages d’experts et mise en perspective économique, cette étude offre des clés pour dépasser les caricatures sur la « privatisation du vivant » et poser calmement la question qui fâche : peut-on vouloir plus de durabilité sans assumer une politique d’innovation cohérente ?
Cette étude s’adresse à tous ceux qui refusent de laisser les questions scientifiques et technologiques aux seuls spécialistes, et qui veulent comprendre comment se noue, très concrètement, le lien entre biotechnologies, État de droit, libertés économiques et protection de l’environnement. Qu’il s’agisse de décideurs publics, de responsables politiques, de chercheurs, d’acteurs du monde agricole ou de citoyens engagés, chacun y trouvera de quoi nourrir une réflexion exigeante sur un choix de société qui engage l’Europe pour plusieurs décennies.
Cette étude a été portée par Thibault Legrain et Alec Van Camp
et a été dirigée, coordonnée et supervisée par Corentin de Salle,
directeur scientifique du Centre Jean Gol.
Elle a bénéficié de l’éclairage et des conseils des professeurs de
génétique Marc Boutry (UCLouvain), Hervé Vanderschuren (ULG
et KULeuven), Nathalie Verbruggen (ULB) et du professeur de
droit, spécialiste des brevets, Vincent Cassiers (UCLouvain). Il a
pu bénéficier également de l’aide d’Emmanuel Wart, expert de
l’agriculture auprès de divers ministres de l’agriculture (Laruelle,
Ducarme, Clarinval, Dolimont, etc.).

