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Nombreux sont les auteurs et analystes politiques qui dressent le portrait d’une démocratie belge à bout de souffle, incapable de relever des challenges toujours plus complexes, gangrenée par l’immobilisme et les luttes partisanes. Nos concitoyens sont souvent représentés comme désabusés, désireux de se réapproprier un système politique considéré comme opaque et non-représentatif.

Pire encore, le paysage politique serait trop complexe, trop éclaté, pour permettre la moindre réforme en profondeur du parlementarisme belge. Les six réformes de l’état successives ont accouché d’une lasagne institutionnelle indigeste pour le citoyen, qui se sent désormais peu concerné par la politique belge. Le sondage de la RTBF/La Libre « Bye-Bye, la démocratie ? » de novembre 2022 est éloquent à cet égard.

Selon ces chiffres1,

  • 63% des sondés ne croient plus que les ministres et gouvernement peuvent améliorer leur vie quotidienne.
  • 74% estiment n’avoir pas leur mot à dire sur ce que fait le politique ;
  • 40% des interrogés donnerait le pouvoir à un leader unique ;
  • seulement 34% affiche leur préférence pour une démocratie représentative basée sur des coalitions.

La population serait ainsi demandeuse de réinsuffler de l’attractivité au système politique belge, comme cela avait été également exposé dans une analyse du Centre Jean Gol sur la possibilité de mettre en place un scrutin proportionnel à deux tours. Les députés, dont le rôle se seraient progressivement réduit à celui de presse-bouton, ne joueraient plus le rôle de représentants effectifs, mais celui de simples porte-paroles de partis s’arrangeant entre eux.

Cette analyse s’intéresse à une proposition d’inspiration danoise devant permettre de résorber ce fossé : normaliser la formation de gouvernement minoritaire et le recours aux majorités alternatives pour revigorer la démocratie et revaloriser la fonction des parlementaires. Le recours aux majorités alternatives (par exemple, des majorités ad hoc formées pour soutenir des projets de loi spécifiques) permettrait aux parlementaires de travailler ensemble sur des questions spécifiques, sans être obligés de se soumettre à la discipline de parti ou de soutenir un gouvernement qu’ils n’approuvent pas entièrement. Cela favoriserait un débat politique plus ouvert et plus constructif, qui pourrait mener à des compromis plus solides et à une prise de décision plus consensuelle.

Nous verrons que ce système pourrait ne pas répondre adéquatement aux spécificités du système politique belge. La loyauté fédérale reste un principe cardinal de notre démocratie, car elle garantit la stabilité et promeut une relation de confiance entre partenaires de coalitions. L’adoption de textes législatifs par voie de majorité alternative reste en Belgique synonyme d’échec gouvernemental, précipitant sa chute.

 

  1. RTBF, L’archipel de la démocratie, https://www.rtbf.be/article/larchipel-de-la-democratie-11103867
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