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C’est un beau projet qui aboutit aujourd’hui avec la publication du dernier tome de cette trilogie. Ce panorama de la pensée libérale des origines à nos jours est le fruit d’un travail de plusieurs années. Se trouve ici présentée la quintessence de trois siècles de pensée libérale dans les différents Etats du continent européen et de l’Amérique. Ce ne sont pas moins de 10.000 pages des plus grands textes libéraux qui se trouvent synthétisées dans ces trois tomes.

Il s’agit d’une synthèse et non d’un résumé. L’auteur, Corentin de Salle, n’a pas voulu se contenter d’énumérer scolairement les thèses contenues dans tel ou tel ouvrage. Il a restitué le raisonnement de ces penseurs dans leurs diverses étapes. Il en a suivi fidèlement le déploiement chapitre après chapitre. Il a repris les objections auxquelles ces penseurs avaient été confrontés de leur vivant ou celles qu’ils avaient anticipées. Il a restitué les réponses à ces critiques. A lire ces grands textes, on sent combien les libéraux sont attachés à la culture du débat rationnel et argumenté. Il était important de montrer que ces idées ont été forgées dans tel ou tel contexte politique, économique, social et culturel et que, à aucun moment de son histoire, le libéralisme n’a été déconnecté de la réalité.

Ce faisant, l’auteur démontre clairement que les principes, théories, analyses et positions du libéralisme ne sont pas des dogmes et articles de foi mais, tout simplement, des « recettes » qui fonctionnent. C’est pour cette raison que le libéralisme n’est pas une idéologie mais une doctrine. Ce sont des pratiques, des règles de conduite qui furent inventées anonymement au fil des siècles, qui furent imitées car elles fonctionnaient, qui furent améliorées et qui continuent à évoluer en fonction des nouveaux défis. Les grands penseurs libéraux n’ont pas « inventé » ces idées. Ils les ont « découvertes ». Ils les ont thématisées, théorisées, systématisées.

Parce qu’il s’agit d’une pensée vivante et évolutive, l’auteur n’a pas voulu tomber dans le piège de l’académisme. Plusieurs de ces penseurs ont été récompensés par le Prix Nobel et quantité de distinctions prestigieuses mais ce sont avant tout des témoins engagés de leur temps. Dans cet ambitieux travail de condensation, l’auteur désirait éviter que cette pensée soit « fossilisée ». Il a conservé le caractère vivant de celle-ci en adoptant le style littéraire – parfois très imagé – de chacun des penseurs, en faisant de larges citations, en reprenant beaucoup d’exemples et d’anecdotes. Il a clarifié sans jamais simplifier. Il a gardé un style suivi, sans rupture ni discontinuité, qui permet au lecteur de découvrir et de s’instruire avec plaisir.

La table des matières de toute la trilogie figure à la fin de ce dernier tome. Le découpage est quelque peu particulier. Ceci mérite un mot d’explication. Initialement, le tome I était conçu pour être unique. Corentin de Salle l’a donc conçu pour couvrir l’ensemble de l’histoire du libéralisme (de John Locke à Milton Friedman). Mais, alors qu’il achevait ce premier tome, il a appris que le Forum Libéral Européen avait accepté de continuer l’aventure éditoriale.

Ainsi, les tomes II et III constituent un approfondissement du tome I. Le tome II est consacré aux « Lumières libérales », c’est-à-dire aux grands auteurs (écossais, anglais, français et allemand) qui ont vécu dans l’Europe du XVIIIème et du XIXème siècle et qui sont les pères fondateurs du libéralisme. Le tome III est consacré aux XXème et XXIème siècle. Il commence à partir de la crise de 1929 et s’achève à la crise de 2007-2009. Le traumatisme occasionné par la crise et par les deux guerres mondiales a été considérable. On retrouve cette inquiétude dans les premiers ouvrages présentés dans ce tome III. L’Union Européenne, née après la seconde guerre mondiale, est la consécration d’un grand idéal libéral du XIXème siècle. C’est la matérialisation d’un grand nombre d’idées et de recommandations formulées par les auteurs dont la pensée est synthétisée dans le tome II.

En raison de l’impact considérable des crises économiques et financières (de 1929 et 2007-2009), une bonne partie du tome III est consacrée à les analyser sous un angle libéral. Mais cet ouvrage traite aussi de quantité d’autres questions : la démocratie, l’Etat, le socialisme, la planification, le totalitarisme, l’inflation législative et règlementaire, les questions écologiques, les ressources énergétiques, la croissance démographique, le tiers-monde, le sous-développement, la pauvreté, l’immigration, la croissance, la mondialisation, la production culturelle dans toutes ses dimensions (littéraire, musicale, cinématographique, etc.). A tous ces problèmes existent des réponses libérales stimulantes et rafraîchissantes. Elles sont également présentées en détail dans cet ouvrage.

Ce tome III est extrêmement diversifié et volumineux. Cela s’explique très simplement : il s’est passé beaucoup de choses ce dernier siècle. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter. L’auteur démontre d’ailleurs que le libéralisme n’est pas une doctrine du passé : sur les dix ouvrages présentés dans ce tome III, cinq ont été publiés après l’an 2000.

Cette trilogie est un outil précieux qui mérite d’être largement diffusé. A cet égard, le Forum Libéral Européen a déjà, sur proposition de plusieurs de ses membres, traduit les deux premiers tomes en plusieurs langues. La version électronique est accessible gratuitement sur le site du Forum Libéral Européen. Cet ouvrage présente des idées et des théories qui ont influencé profondément le monde dans lequel nous vivons. Elles font partie du patrimoine de l’humanité. Raison pour laquelle tout homme et toute femme doit pouvoir en prendre connaissance facilement.

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