Faut-il commémorer le cinquantenaire de Mai 68 ? En lui-même, l’évènement n’a pas la portée cosmique que ses nostalgiques lui prêtent. Raymond Aron l’appelait la « révolution introuvable » et ce fut, à la base, un grand carnaval où les jeunes baby-boomers de la bourgeoisie parisienne, choyés sous les trente Glorieuses, jouèrent aux révolutionnaires deux ou trois semaines avant que le mouvement, gagnant l’ensemble du territoire, ne débouche sur des grèves ouvrières générales et sauvages qui s’éteignirent un mois plus tard. Au niveau symbolique, l’évènement signe néanmoins l’acte de naissance de l’hégémonie intellectuelle et morale de la gauche qui perdure encore aujourd’hui. On peut bel et bien parler d’une « pensée 68 » même si son émergence et son déploiement déborde largement le calendrier des faits…
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