Par Corentin de Salle, Directeur scientifique du Centre Jean Gol et Jolan Vereecke, Conseiller spécial du Président

 

Comme le disait John Fitzgerald Kennedy, « La victoire a cent pères mais la défaite est orpheline ». Quand une équipe nationale gagne, tout le monde s’identifie à elle. Quand elle perd, on la conspue, on la fustige, on dresse la liste des causes et on traque les responsables. C’est contre ce défaitisme malheureusement trop fréquent au pays de Magritte que nous devons nous élever.

Même si la performance de notre équipe nationale ne fut indéniablement pas à la hauteur de nos espérances, nous pouvons être fiers de ce que nos diables rouges ont apporté depuis près de 10 ans, de cette troisième place à la coupe du monde 2018 en Russie à la première place du classement mondial FIFA occupée sans discontinuer pendant près de 3 ans. Oui, la Belgique compte à nouveau sur la carte mondiale du football et ce sont 11 millions de Belges qui, pendant toutes ces années, ont pu vibrer au gré des exploits de cette génération dorée.

Malheureusement, le soir même de la défaite, des émeutes ont éclaté dans de grandes villes du pays. Une violence gratuite et sans objet. Le drapeau belge a même été décroché et jeté par terre par les émeutiers. Ces émeutes nous questionnent pour plusieurs raisons. Pourquoi, au sein d’une population quasi-exclusivement belge considérer que le résultat du Maroc-Belgique est une victoire plutôt qu’une défaite et que cette victoire doit être célébrée par de la violence envers la Belgique et ses autorités ? Où avons-nous échoué ?

N’en déplaise aux apôtres de la bien-pensance, le vivre-ensemble est en péril. Le phénomène semble avoir empiré car, même si ces casseurs ne représentent qu’eux-mêmes, et sont fort heureusement extrêmement minoritaires, et sont, selon le politologue Fouad Gandoul, « souvent de jeunes de troisième ou quatrième génération qui se sont complètement détachés de l’autorité parentale et n’ont aucun égard pour la police ». A n’en pas douter, leurs parents, grands-parents ou arrière-grands-parents n’auraient jamais manifesté une telle défiance envers un pays qui était devenu le leur. D’où vient dès lors ce ressentiment  ? Les causes en sont multiples mais trahissent, à Bruxelles et dans les grandes villes, un échec relatif des politiques publiques en matière d’intégration mais aussi d’enseignement, de formation, et d’emploi, etc. C’est aussi un échec du maintien de l’ordre public et des politiques pénales et judiciaires.

On peut aussi supposer que, même si elle n’en est pas la cause, l’idéologie wokiste, communautariste et décoloniale qui déferle avec un enthousiasme aussi stupide qu’irresponsable dans le débat public depuis quelques années, idéologie relayée par complaisance électorale, par toutes les formations de gauche, cette idéologie, donc, est un facteur aggravant de ce ressentiment. A partir du moment où vous répétez continuellement à une catégorie de la population qu’elle est victime, que le racisme est omniprésent dans la population d’accueil, que ce racisme est structurel et même inconscient, qu’elle est irrémédiablement discriminée, que le système est conçu pour reproduire les inégalités et qu’elle, population, est dépossédée, que son futur est bouché, etc., il ne faut pas s’étonner que certains prennent cette rhétorique pour argent comptant. Et se révoltent.

Nous devons promouvoir ce qui nous rapproche plutôt que ce qui nous divise. Raison pour laquelle, suite à ces émeutes, plusieurs parlementaires de notre Mouvement ont décidé de redéposer une proposition visant à réprimer pénalement les outrages au drapeau national. Le drapeau symbolise l’unité nationale et est garant de la coexistence pacifique et de vivre-ensemble. Il doit, à ce titre, être respecté.

Nous devons être les artisans de ce projet qu’est celui d’appartenir à notre pays et nous questionner sur le futur de notre identité nationale. Car celle-ci sera, du moins en partie, constituée du résultat de nos actions, du succès ou des échecs de nos projets. Nous avons aussi la responsabilité de la transmission de cette fierté d’être belge aux générations futures. Nous devons enseigner notre passé aux jeunes générations, le fêter, le faire apprendre et faire respecter les valeurs que ce passé a fait naître et a honoré. Nous devons préserver, étendre et transmettre les libertés conquises par nos aïeux. Nous devons protéger ces magnifiques symboles qui constituent le ciment de notre identité, multiple, variée, riche et en définitive très éloignée des étiquettes collées.

Plus que jamais, il est impératif de protéger, restaurer et transmettre notre identité nationale mais aussi les valeurs que celle-ci véhicule et, en définitive tout ce qui nous rapproche. C’est le sens du combat pour l’universalisme que nous menons. Rappelons qu’au cœur du projet libéral se situe la valeur d’émancipation. Car la liberté n’est pas donnée. Elle se conquiert. A travers, l’éducation, la formation, l’effort et les sacrifices. Et le parcours individuel de nombre de membres de l’équipe nationale de football est une vibrante illustration de cette valeur d’émancipation mise au service de notre pays.

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