Lundi soir à l’ULB, notre conférence sur l’impact économique et militaire des élections américaines sur notre continent a été un vrai succès de foule. Rappelons que ce débat de très haute tenue, modéré par le présentateur télé Quentin Warlope (RTBF) rassemblait, outre notre président, Elio Di Rupo, l’essayiste Louis Sarkozy, le gouverneur de la Banque Nationale Pierre Wunsch et les professeurs en relations internationales Valérie Rosoux (UCL) et Alexander Mattelaer (VUB).
Malheureusement, ce bel évènement a été terni, à l’entrée, par des faits de violence envers nos collaborateurs et participants. Actes commis de la part d’étudiants – réels ou supposés – massés devant l’entrée. Chauffés à blanc depuis plusieurs jours par les mensonges et la propagande haineuse de nombreuses associations étudiantes subsidiées de l’ULB, ces jeunes particulièrement agressifs ont jeté des fumigènes et projeté des feux d’artifice – en visant spécifiquement leur visage – des personnes paisibles dont le seul crime était de venir assister à la conférence. Les vêtements d’une personne ont même pris feu ! Durant la conférence, des jeunes ont interrompu à 3 ou 4 reprises les exposés pour protester. Fidèle à nos valeurs libérales, Georges-Louis Bouchez a cédé le micro durant 3 minutes à l’un d’entre eux qui, le visage convulsionné de rage, a utilisé son temps de parole, pour débiter, sans le moindre argument, des reproches absurdes et répétitifs contre le président accusé de cautionner des crimes de guerre et même d’en faire l’apologie (sa réponse est visionnable ici) avant de répandre le contenu d’une bouteille d’eau et d’être évacué par le service de sécurité.
Que les étudiants protestent, s’indignent, manifestent, fort bien ! L’université a toujours été un lieu de contestation. Protester et manifester sont deux libertés précieuses dans une démocratie. Elles ont été durement acquises par les commerçants, artisans, professions libérales, intellectuels et hommes de lettre – essentiellement des libéraux – qui ont mené la révolution et la guerre d’indépendance contre la puissance hollandaise. C’est d’ailleurs cette même génération de libéraux qui a fondé l’Université Libre de Bruxelles. Mais rien ne justifie cette violence.
Pourquoi cette violence ?
Les jours qui précédent, ces associations organisatrices de la manifestation avaient publié une carte blanche appelant à la mobilisation « pour reprendre notre université en main », pour éviter qu’elle ne devienne « un espace de propagande réactionnaire ». Selon elles, l’accueil de Georges-Louis Bouchez et de Louis Sarkozy sur le campus était une « insulte aux valeurs du pluralisme, de libre examen et de liberté d’expression que l’université prétend défendre ». Ils se plaignaient que leur rectrice autorise notre conférence alors qu’elle avait refusé celle de Mohammed Khatib. Elle affirmait que Georges-Louis Bouchez et Louis Sarkozy, faisaient l’« apologie directe de crimes de guerre ». Et de conclure : « pas de fachos sur notre campus ».
C’est véritablement désolant. Pour au moins 5 raisons.
Premièrement, les manifestants refusent la tenue d’un débat pluraliste au nom du… pluralisme. Un peu curieux, non ? Ils acceptent le pluralisme mais pas pour ceux dont ils ne partagez pas les opinions. Je les invite à aller chercher dans un dictionnaire la définition des mots « débat » et « pluralisme ». Un débat où on ne débat qu’avec les gens qui pensent comme vous est-il encore un débat ? Le pluralisme est-il encore du pluralisme si le champ qu’il couvre se limite à la gauche et à ses 50 nuances ?
Deuxièmement, les manifestants dénient à deux personnes le droit de s’exprimer au nom de… la liberté d’expression. Assez particulier comme argumentation, non ? Certes, ces deux personnes ont exprimé un point de vue qui les choque. Mais leurs propos ne tombent sous le coup d’aucune loi limitant ou cadrant la liberté d’expression. Exprimer une opinion est un droit protégé, entre autres choses, par l’article 10 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme. À l’attention du Cercle de Droit de l’ULB, association signataire de la carte blanche, je rappelle l’existence du fameux arrêt Handyside de la Cour Européenne de droits de l’homme en 1976, qui étend cette protection aux « propos qui heurtent, choquent ou inquiètent ».
Troisièmement, les manifestants dénient aux 1.500 inscrits de la conférence de venir se forger une opinion personnelle au nom du… libre examen. Toutes ces personnes doivent décidément être bien stupides pour venir participer à une conférence de « propagande réactionnaire ». Heureusement qu’il y a des gens comme vous pour penser à leur place et leur interdire de se faire une opinion par elles-mêmes. Je remercie donc le Cercle de Libre Examen d’avoir signé cette carte blanche qui appelle à empêcher des gens à pouvoir exercer librement leur droit à s’informer, à peser le pour et le contre et à réfléchir. Mais, peut-être, trouvent-ils que réfléchir est dangereux ? Et que ce droit ne doit valoir que pour des gens comme eux, à savoir des âmes sublimes qui, seules, bénéficient des lumières suffisantes ? Je leur suggère de se rebaptiser alors sous le nom de Cercle Paternaliste de Libre Examen.
Quatrièmement, les manifestants veulent « reprendre l’université en main ». Un peu comme certains d’entre eux ont « pris en main » le bâtiment B du Solbosch pendant 7 semaines en causant plus 500.000 € de déprédations ? Durant cette occupation sauvage, des étudiants juifs ont été violentés alors qu’ils venaient discuter avec les occupants et, si les services de sécurité n’étaient pas intervenus, il s’en serait fallu de peu qu’un lynchage en règle ne survienne…
Cinquièmement, les manifestants refusent les « fachos sur le campus » alors même que plusieurs des associations signataires de la carte blanche contre la tenue de notre conférence (à commencer par la nébuleuse « Université Populaire ») autorisent sur le campus l’action de Samidoun qui se réjouit du massacre des juifs du 7 octobre, qui glorifie le Hamas et dont l’action est d’ailleurs saluée par… le Hamas. Ils déplorent que Mohammed Khatib ne soit pas bienvenu sur le campus et accusent la rectrice d’une politique de deux poids deux mesures. Mais, contrairement à Mohammed Khatib, Georges-Louis Bouchez et Louis Sarkozy ne sont pas fichés par l’OCCAM comme « prédicateurs de haine ». Précisons aussi que Khatib est le coordinateur de Samidoun, organisation interdite en Allemagne et dont des parlementaires ont demandé l’inscription sur la liste des organisations terroristes de l’Union Européenne.
Qui sont les vrais « fachos » ? Georges-Louis Bouchez et Louis Sarkozy qui, dans le respect des règles du droit international, défendent le droit de détruire les combattants d’organisations terroristes criminelles ou ceux qui défendent et relayent les propos haineux d’une organisation faisant ouvertement l’apologie du génocide juif ?
Objectivement, ces jeunes manifestants lundi, par leur violence, par leur radicalité, par leur refus d’argumenter ressemblaient plus à des fachos – ou à des marionnettes de fachos – qu’à d’authentique antifascistes…
Notre conférence avait lieu à l’auditoire Paul-Émile Janson, cette grande figure libérale, ancien premier ministre qui est mort à Buchenwald et dont le père, Paul Janson, fut le principal artisan du suffrage universel. Nous n’acceptons pas que notre centre d’étude qui travaille pour un parti authentiquement démocratique, lequel a combattu Degrelle et la barbarie nazie, soit insulté et traîné dans la boue par des gens comme ces étudiants au nom des « valeurs de l’université » dont ils ignorent apparemment complètement la signification.
Nous pouvons néanmoins nous réjouir d’une chose car cette conférence était véritablement l’épreuve du feu pour la liberté d’expression à l’ULB. La semaine qui l’a précédé, j’avais la hantise que les ennemis de cette dernière parviennent à la saboter et à l’empêcher de se tenir. J’avais la hantise que l’affaire « Caroline Fourest » il y a quelques années, ne se reproduise et qu’elle fasse jurisprudence. Durant cet épisode qui m’avait rempli de colère, un trentaine d’activistes avait réussi à saboter totalement la conférence. Cela n’a pas été le cas !! Plus de la moitié des 1500 personnes inscrites sont venues et ont réussi à franchir la porte sous les intimidations. La conférence a eu lieu et sa qualité a été saluée par tous. Et cela grâce à une collaboration intense, dans les jours qui ont précédé et au moment des faits, entre notre président, notre parti, nos collaborateur et notre centre d’étude, d’une part, et les autorités de l’université, le bourgmestre de Bruxelles-Ville, le service de sécurité et la police, d’autre part.
100 agents de polices et 24 agents de sécurité. C’est infiniment triste qu’il faille payer ce prix pour préserver aujourd’hui nos valeurs de pluralisme, de tolérance et de libre examen mais c’était indispensable. Et, à l’heure du wokisme et de la cancel culture, c’est la preuve qu’il est possible de résister et que les vrais résistants ne sont pas nécessairement ceux qui, à l’extrême-gauche, protégés par toutes les garanties de l’Etat de droit qu’ils conspuent par ailleurs, se victimisent et se proclament comme tels.
Visionnez l’échange entre notre président et le manifestant.