Le wokisme existe-t-il ? Curieuse question ! Demande-t-on si le vent ou l’électoralisme existent ? Bien sûr que non, puisqu’on en perçoit les effets ! Il en va de même pour le wokisme, dont les effets sur le débat public sont nombreux, même si peu de monde s’en revendique ouvertement. Le wokisme a même suscité l’apparition d’un nouveau lexique : cancel culture, décolonialisme, appropriation culturelle, intersectionnalité, micro-agressions, privilège blanc, écriture inclusive, transidentité, etc.

Derrière ce terme dont certains dénoncent le caractère fourre-tout se cache en réalité une tendance lourde, au croisement de l’exacerbation des préoccupations de la gauche pour les minorités et de la volonté de déconstruire une vision du monde héritée des Lumières. En résulte ce que Pascal Bruckner appelait déjà en 1983 « le sanglot de l’homme blanc » : une tendance permanente à l’auto-flagellation qui finit par menacer la liberté d’expression, l’humanisme et jusqu’à la raison elle-même. Car désormais, il n’est plus question de penser le monde, mais de ne choquer aucune sensibilité considérée comme opprimée.

Et si le danger du wokisme allait en réalité beaucoup plus loin ? Et si le vrai projet politique du wokisme était, sous couvert d’objectifs nobles (lutte contre le racisme, pour la justice sociale, pour l’égalité, etc.) et via des instruments très contondants (critical race theory, racisme systémique, disqualification de la parole de l’opposant) de mettre des grands coups de boutoir dans notre système libéral et humaniste ?

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