Les auteurs s’expriment à titre personnel

Thématique connue mais à propos de laquelle circulent énormément de préjugés et de stéréotypes depuis la nuit des temps, la prostitution connait de multiples formes et est en constante évolution, que ce soit récemment via l’utilisation des nouvelles technologies ou le développement de la prostitution étudiante. Hommes, femmes, transgenres, sous diverses appellations plus ou moins correctes, ils et elles sont des milliers en Belgique à « proposer des services à caractère sexuel ou érotique rémunéré ». Il conviendrait presque de parler « des » prostitutions et non de « la » prostitution, car elles ont toutes des caractéristiques spécifiques. L’appellation relativement récente de ‘travailleur du sexe’ (TDS) regroupe toutes ces activités, occasionnelles ou régulières sans stigmatiser.

Car la prostitution fait aussi l’objet de débats extrêmement polarisés entre la vision abolitionniste et la vision réglementariste. Depuis toujours, la prostitution a été majoritairement pensée en termes de risque pour la société. Considérée comme un fléau social, elle est souvent le symbole de l’oppression des femmes et perçue comme une transgression aux rapports sexuels jugés légitimes et une activité économique qui tend à échapper au contrôle de l’Etat. Ce que le courant abolitionniste veut à tout prix éradiquer. Le courant réglementariste se veut lui en faveur d’une réglementation de la prostitution libre et volontaire, et lutte contre l’idée que faire le choix (sans doute pas si facile) de soi-disant vendre son corps ne soit perçu que comme une réduction de l’image de la femme à l’état de simple objet sexuel à destination des hommes, comme le crient les abolitionnistes. Si l’on peut considérer une clientèle majoritairement constituée d’hommes, de même que l’existence de démarches marquées par une domination masculine, la grande diversité des prostitutions, notamment la prostitution masculine, et des clients contredit en effet cette vision réductrice.

Mais qu’en pensent les personnes intéressées, si peu consultées ? Interrogées sur la définition de la prostitution par celles qui l’exercent, elles insistent sur la différence fondamentale entre prostitution et exploitation sexuelle. Selon elles, il ne s’agit pas de prostitution lorsqu’on parle de personnes exploitées, qui se trouvent dans des réseaux ou qui n’ont pas de liberté de choix par rapport à leurs clients et leurs horaires. La prostitution sous-entendrait donc une activité sexuelle exercée librement entre deux adultes consentants en échange d’une rémunération ; le concept offre ainsi une distinction de base avec la traite des êtres humains même si l’on se rend bien compte que dans les faits la distinction est moins claire, en particulier pour les prostituées d’origine étrangère qui peuvent plus facilement être sous l’influence et sous la dépendance d’autres personnes.

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